woman showing flower on hands and bare belly

Avoir du ventre pourrait favoriser la maladie d’Alzheimer

Sihem Boultif Journaliste santé

en collaboration avec Docteur Christophe de Jaeger (Longévité et gériatrie)

D’après une nouvelle étude américaine, l’augmentation de la graisse abdominale et donc du tour de taille, serait liée à la maladie d’Alzheimer. Comment expliquer le phénomène ? Les réponses du Docteur Christophe de Jaeger, médecin physiologiste et membre du comité d’experts de Doctissimo.

woman measuring waist with tape in gym
Photo by Andres Ayrton on Pexels.com

Sommaire

  1. Une analyse de la morphologie physique et cérébrale
  2. Des modifications cérébrales liées au tour de taille
  3. Le traitement de la graisse viscéral serait-il un moyen de prévenir Alzheimer ?

Quel est le lien entre graisse abdominale et maladie d’Alzheimer ? Si en apparence, il ne semble y en avoir aucun, une étude américaine révèle qu’un plus grand tour de taille serait lié au développement de la maladie neuro-dégénérative.

Une analyse de la morphologie physique et cérébrale

Pour cette étude, dont les résultats seront présentés lors de la réunion annuelle de la Société radiologique d’Amérique du Nord (RSNA), qui se tient du 26 au 30 novembre à Chicago, les chercheurs ont réuni une cohorte de 54 participants. Tous étaient en bonne santé cognitive, avec un âge variant entre 40 à 60 ans et un IMC moyen de 32.

Les participants ont subi des mesures de glucose et d’insuline, ainsi que des tests de tolérance au glucose. Par ailleurs, le volume de graisse corporelle et de graisse viscérale a été mesuré par IRM abdominale. Ils ont également passé une IRM cérébrale qui a mesuré l’épaisseur corticale des régions cérébrales habituellement touchées par la maladie d’Alzheimer. En plus, un TEP-Scan a été réalisé chez 32 volontaires pour se concentrer sur les plaques amyloïdes et les enchevêtrements de protéine Tau, qui s’accumule au sein du cerveau, dans la maladie d’Alzheimer.

Des modifications cérébrales liées au tour de taille

Résultats : les chercheurs ont découvert qu’un rapport graisse viscéral/corporelle plus élevé était associé à une absorption plus élevée du traceur amyloïde PET dans le cortex précuneus, la région connue pour être affectée précocement dans la maladie d’Alzheimer. « D’autres études ont établi un lien entre l’IMC et l’atrophie cérébrale ou même un risque plus élevé de démence » explique l’auteur de l’étude Mahsa Dolatshahi, chercheur au Mallinckrodt Institute of Radiology de la Washington University School of Medicine à St. Louis. « Aucune étude antérieure n’a établi un lien entre un type spécifique de graisse et la protéine de la maladie d’Alzheimer chez les personnes saines, sur le plan cognitif ».

Le traitement de la graisse viscéral serait-il un moyen de prévenir Alzheimer ?

La graisse viscérale, qui entoure les organes internes dans l’abdomen, serait donc liée à des modifications cérébrales, jusqu’à 15 ans avant l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Cette recherche suggère donc que le traitement de la graisse viscérale pourrait constituer un moyen potentiel de réduire le risque de maladie d’Alzheimer.

« Les sécrétions inflammatoires de graisse viscérale, par opposition aux effets potentiellement protecteurs de la graisse corporelle, peuvent conduire à une inflammation du cerveau, l’un des principaux mécanismes contribuant à la maladie d’Alzheimer » notent les scientifiques.

Pour le Docteur de Jaeger, médecin physiologiste et membre du comité d’experts de Doctissimo, « cette étude passionnante va dans le sens de ce qui est déjà connu. Cela correspond à un élément déjà observé en physiologie, à savoir qu’il faut lutter contre la masse grasse, responsable de phénomènes inflammatoires dans l’organisme, mais également pourvoyeuse de maladies cardiovasculaires, neurodégénératives et vasculaires ».

Sources

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.