mangez Alzheimer

Ce que vous mangez peut-il ralentir la progression d’Alzheimer ?

Magali Régnier Journaliste

en collaboration avec Docteur Christophe de Jaeger (Longévité et gériatrie)

Ce que vous mangez peut-il ralentir la progression d’Alzheimer ?

Une méta analyse a passé en revue tout ce qui a été publié sur les liens entre différents régimes alimentaires et leur impact sur la maladie d’Alzheimer. Résultat : les régimes de type méditerranéens ou cétogènes semblent ralentir, voire protéger les personnes de dégénérescences cognitives.

Sommaire

  1. Le régime occidental augmente le risque, le régime méditerranéen nous protège
  2. Les nutriments et la qualité du microbiote jouent un grand rôle
  3. Alzheimer : alimentation et exercice physique sont utiles

La maladie d’Alzheimer reste en partie mystérieuse et les traitements ne permettent pas aujourd’hui de a guérir ni de la bloquer. L’alimentation peut-elle avoir une influence sur l’évolution de la maladie ? Pour répondre à cette question, une méta analyse concernant les interventions nutritionnelles a été menée récemment. L’examen visait à mettre en évidence le rôle de certains régimes dans le ralentissement de la progression de la maladie d’Alzheimer et l’amélioration de la qualité de vie des patients.

Le régime occidental augmente le risque, le régime méditerranéen nous protège

Les chercheurs ont sélectionné les publications les plus pertinentes et de meilleure qualité sur ce thème publiées entre 2018 et 2022 dans les bases de données scientifiques PubMed, Web of Science, Scopus et Cochrane Library. Au total, 38 études ont été retenues, dont 17 essais cliniques randomisés et 21 revues systématiques et/ou des méta analyses.

L’examen de ses analyses a ainsi mis à jour 3 informations principales :

  • Le régime alimentaire occidental est un facteur de risque de développer la maladie d’Alzheimer ;
  • Le régime méditerranéen, le régime cétogène et la supplémentation en acides gras oméga-3 et en probiotiques sont des facteurs de protection ;
  • L’effet protecteur de ces interventions n’est significatif que dans les cas d’Alzheimer léger à modéré.

D’autres liens sont également redondants : une alimentation de mauvaise qualité constitue un facteur de risque de développer la maladie d’Alzheimer, qui détériore les performances cognitives et la fluidité verbale. La malnutrition et la perte de poids involontaire sont associées à un risque accru de mortalité chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

Les nutriments et la qualité du microbiote jouent un grand rôle

Dans le détail, l’ensemble de l’analyse pointe plusieurs explications à ces liens favorables ou défavorables. Un régime avec un index glycémique élevé ou des glucides raffinés, tel que le régime occidental, est associé à une accumulation accrue de peptides Aβ dans le cerveau. Un effet encore plus délétère qui les porteurs d’une prédisposition génétique : APOE-ε4. (APOE-ε4 étant un facteur de risque génétique associé à la maladie d’Alzheimer et à la démence, ainsi qu’à la résistance à l’insuline). Le régime alimentaire occidental augmente donc les niveaux d’inflammation.

Au contraire, l’adhésion au régime méditerranéen améliore les résultats cognitifs, augmente le volume de matière grise, améliore la mémoire et diminue le déclin de la mémoire. Le régime cétogène s’est également révélé utile dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. Cela en raison d’un apport suffisant en vitamine E, un antioxydant puissant et un agent anti-inflammatoire. Des études de cohorte observationnelles ont montré que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont des niveaux significativement plus faibles de tocophérols, de tocotriénols et de vitamine E totale par rapport à la population générale.

Des niveaux adéquats d’acides gras polyinsaturés oméga-3, en particulier d’EPA et de DHA, sont également associés à des taux de déclin cognitif plus lents et à un risque réduit de démence.

La dysbiose du microbiote est un facteur de risque évident pour le développement de la maladie d’Alzheimer. Les régimes alimentaires riches en graisses, l’utilisation d’antibiotiques ou le manque de probiotiques et/ou de prébiotiques peuvent également modifier la composition du microbiote et donc être un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer.

Alzheimer : alimentation et exercice physique sont utiles

Pour le Docteur Christophe de Jaeger, physiologiste et spécialiste du vieillissement, cette conclusion n’est pas vraiment étonnante :

“Les régimes occidentaux sont inflammatoires et favorisent ainsi l’émergence de maladies de type neuro dégénératives. A l’inverse, les régimes méditerranéens et ceux qui évitent les sucres raffinés ont une influence positive. La nouveauté ici est que cet état de fait est complété semble-t-il par des probiotiques présents dans ces régimes, qui s’avèrent eux aussi protecteurs. D’après ce travail, on aurait alors tout intérêt à bénéficier de ce type de régime !”.

En ce qui concerne le fait d’agir sur la qualité de vie, via l’assiette, là-encore, l’expert approuve les conclusions de cette étude :

“Les interventions nutritionnelles peuvent être utiles dans la maladie d’Alzheimer et peuvent même, a priori, ralentir la progression et améliorer la qualité de vie des patients. Dès qu’on s‘occupe d’un patient alzheimerien, dès qu’on s’intéresse à lui, à sa santé, qu’on lui préconise un régime non chargé en sucres raffinés et en graisse, correctement équilibré en vitamine, on ne peut qu’aider son cerveau à se défendre contre les maladies neuro dégénératives. Si en plus, on rajoute de l’exercice physique, on va mettre tout un ensemble d’éléments qui vont être favorables à l’individu et à son fonctionnement intellectuel ».

Sources

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.