Sihem Boultif Journaliste santé
en collaboration avec Docteur Christophe de Jaeger (Longévité et gériatrie)
Selon une étude américaine, le stress joue négativement sur notre âge biologique. Cependant, une fois le stress passé, l’effet négatif qu’il a provoqué est réversible, après une période de récupération.
Sommaire
- Le stress étudié chez la souris
- Les effets du stress sont-ils réversibles chez l’homme ?
Cela fait longtemps que les chercheurs connaissent l’impact du stress sur notre organisme. Dans cette étude, ils ont analysé ses conséquences sur l’ADN et la réversibilité du phénomène, une fois le stress terminé et une période de récupération passée.
Ainsi, les scientifiques se sont intéressés à la souris dans un premier temps, puis ont poursuivi leur travail chez l’homme, en étudiant différents types de stress : suite à une intervention chirurgicale, une grossesse ou encore une infection au Covid-19.
Le stress étudié chez la souris
Dans ce travail, les scientifiques ont donc d’abord étudié le stress chez la souris et plus précisément son impact sur son âge biologique, c’est à dire l’âge de son organisme, qui peut être différent de son âge chronologique, lié lui à la date de naissance.
Pour cela, ils ont utilisé la technique de la parabiose hétérochronique, qui consiste à relier deux rongeurs d’âge différents à la même circulation sanguine. Les jeunes souris âgées de 3 mois, appariées avec des souris âgées de 20 mois voyaient leur âge biologique modifié. Un état temporaire, car cet effet s’est inversé une fois les souris séparées. « C’est la chose que beaucoup de gens ne pensaient pas possible ; ils pensaient qu’une fois que vous commencez à gravir cette échelle, il n’y a aucun moyen de revenir en arrière » notent les scientifiques.
Les effets du stress sont-ils réversibles chez l’homme ?
Après ces premiers résultats chez la souris, les scientifiques ont voulu savoir ce qu’il en était chez l’homme. Ils ont donc analysé l’âge de méthylation de l’ADN d’échantillons de sang d’humains exposés de manière transitoire à des situations stressantes.
La même chose que chez les souris a été observée : après avoir passé une situation de stress, comme une chirurgie d’urgence, une grossesse ou à une infection au Covid-19 sévère, les patients ont montré une augmentation de leur âge épigénétique basée sur les mesures de méthylation de l’ADN pendant l’événement, suivi d’un retour à la situation initiale une fois le stimulus stressant terminé. Toutefois, remarquent les chercheurs, ces résultats ne sont pas uniformes selon le sexe de l’individu ou le type de stress subi.
Le point de vue du Docteur Christophe de Jaeger, médecin physiologiste et membre du comité d’experts de Doctissimo
« Le but de cette étude est de relier une situation de physiopathologie qui peut survenir chez tout le monde avec un marqueur biologique du vieillissement, aussi bien chez l’animal que chez l’être humain. Chez l’homme, les scientifiques se sont intéressés, par différentes méthodes, à la méthylation de l’ADN qui peut être considéré comme un marqueur du vieillissement. CE qui est constaté c’est que le stress dégrade l’âge biologique au niveau chromosomique, et cela est réversible. La question est désormais de savoir ce qui se passe face à un stress qui dure ? Est ce que les lésions deviennent organiques ? Il manque cette dimension de temps dans ce travail, premièrement. La seconde remarque que j’emmétrais porte sur la méthylation de l’ADN. C’est un paramètre intéressant mais qui n’est pas forcément un reflet de l’âge physiologique d’un individu. Lier uniquement cet élément à l’âge biologique d’un individu est à mon sens, trop superficiel ».
Sources
- Poganik JR, Zhang B, Baht GS, Tyshkovskiy A, Deik A, Kerepesi C, Yim SH, Lu AT, Haghani A, Gong T, Hedman AM, Andolf E, Pershagen G, Almqvist C, Clish CB, Horvath S, White JP, Gladyshev VN. Biological age is increased by stress and restored upon recovery. Cell Metab. 2023 Apr 4:S1550-4131(23)00093-1. doi: 10.1016/j.cmet.2023.03.015. Epub ahead of print. PMID: 37086720.
Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.
Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et
de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.
De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.
Son dernier ouvrage grand public »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.
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