Par Laura Risi
Vagues de chaleur, transpiration intense après une longue randonnée, tourista lors d’un voyage exotique peuvent être responsables d’une déshydratation : notre corps perd plus d’eau qu’il n’en reçoit. Reconnaître les premiers symptômes est essentiel, car la situation peut s’aggraver rapidement.
Une soif intense
Si l’on ressent la nécessité de boire, cela veut dire que la déshydratation est déjà là ; à la phase initiale, elle stimule le centre cérébral de la soif. Mais il est parfois difficile de s’hydrater, par exemple lorsqu’on a des vomissements. De plus, avec l’avancée en âge, notre système de régulation ne fonctionne plus aussi bien, c’est pourquoi les personnes âgées ressentent moins rapidement la sensation de soif.
La bouche et la peau sèches
Si l’apport de liquide ne compense pas la perte hydrique, l’eau passe de l’intérieur des cellules à l’extérieur pour maintenir la quantité de sang (le volume sanguin) et la pression artérielle à un niveau normal. Les muqueuses de la bouche et les lèvres commencent alors à se dessécher. Un autre indice : lorsqu’on pince doucement la peau entre le pouce et l’index, elle met quelques secondes à revenir à son état initial. Chez l’adulte et, surtout, chez le nourrisson, la persistance de ce “pli cutané” signifie une déshydratation très marquée. Avec l’âge, toutefois, ce signe est moins facile à interpréter, car la peau perd en élasticité.
Des urines foncées
La norme est de produire environ 1,5 litre d‘urine par 24 heures, réparti en 4 à 7 mictions. Au fur et à mesure que la déshydratation s’installe, la transpiration diminue ainsi que la production d’urine. Celle-ci devient aussi plus foncée.
L’apparition de crampes
La survenue de ces contractions musculaires involontaires, au repos ou lors d’un effort physique, peut être favorisée par une déshydratation via un mécanisme qui n’est pas encore bien compris. Cependant, si ces douleurs persistent et vous gênent malgré une hydratation adaptée, parlez en à votre médecin, car d’autres déséquilibres peuvent en être à l’origine.
Une grande fatigue
Bien souvent, une déshydratation modérée qui perdure se manifeste par une fatigue chronique. En cas de déshydratation sévère, la pression artérielle peut diminuer, provoquant une sensation de vertige ou des évanouissements, surtout en position debout (on parle d’hypotension orthostatique). Une apathie, une grande faiblesse des membres, une confusion sont aussi possibles. En cas de doute, il faut consulter rapidement un médecin qui prescrira un bilan.
L’avis de l’expert
Docteur Christophe de Jaeger est gérontologue et physiologiste de la sénescence.
“Une déshydratation n’est jamais à négliger, car elle peut s’aggraver rapidement et mener à des troubles de la conscience, voire à un coma. Elle est d’autant plus grave qu’elle survient chez une personne à risque. Tel est le cas chez le nourrisson, dont le corps est très riche en eau, c’est même une urgence vitale (en cas de fièvre, par exemple). Chez la personne âgée aussi, la déshydratation est fréquente et redoutable, et il faut y penser devant tout nouveau symptôme : troubles de la mémoire, confusion… La meilleure façon de l’éviter est de prendre l’habitude de boire à des heures régulières, sans attendre d’avoir soif. C’est à chacun de trouver sa stratégie pour boire un minimum de 1,5 à 2 litres d’eau par jour. Davantage l’été ou lors d’effort physique. Vigilance lorsqu’on prend des médicaments : les diurétiques, par exemple, très prescrits pour traiter l’hypertension artérielle ou l’insuffisance cardiaque, augmentent l’excrétion d’urine et favorisent la déshydratation. Attention aussi aux fausses idées sur l’effet désaltérant des boissons alcoolisées : l’alcool, par son action diurétique, contribue au contraire à entretenir l’état de déshydratation.”
Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.
Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et
de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.
De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.
Son dernier ouvrage grand public »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.
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