Par le Docteur Christophe de Jaeger
Le cerveau abrite en son centre un petit corps ovale, pas plus gros qu’un grain de maïs, appelé »glande pinéale » ou »épiphyse ». C’est la première glande qui se forme dans l’organisme. On la distingue nettement chez le fœtus dès la troisième semaine de grossesse.
Pendant longtemps, de nombreux scientifiques et médecins de renom ont pensé que cette glande n’avait aucune fonction chez l’homme et qu’il s’agissait d’un pur vestige de notre évolution. Aujourd’hui nous savons que la mélatonine, principale hormone sécrétée par la glande pinéale, stimule ou régule de nombreuses fonctions de l’organisme telles que le sommeil, l’immunité, l’humeur…
La mélatonine est une hormone sécrétée la nuit qui favorise notamment, le sommeil et la synchronisation des différents systèmes physiologiques de notre organisme. Elle exerce un contrôle sur la régulation des rythmes physiologiques (sur vingt-quatre heures), mais également sur la régulation de la fonction sexuelle, entre autres.
Action tranquillisante :
Il a fallu attendre les années 1970 pour pouvoir mesurer les concentrations de mélatonine dans le sang. Au début, l’hormone semblait avoir un effet tranquillisant, presque soporifique. Cette réaction a été clairement mise en évidence lors d’une étude réalisée en 1970 par un chercheur mexicain.
A l’opposé de l’adrénaline, la mélatonine ralentit le rythme cardiaque, relâche les muscles et favorise le sommeil.
Les scientifiques ont pu mesurer avec précision la quantité de mélatonine présente dans le sang humain. Ces informations ont conduit à une découverte fondamentale : l’homme comme l’animal sécrète de cinq à dix fois plus de mélatonine la nuit que le jour. C’est aux alentours de deux ou trois heures du matin que nous en sécrétons le plus.
La correction d’un déficit avéré en mélatonine peu donc restructurer notre sommeil en rééquilibrant son architecture. Ainsi la mélatonine nous permettrait de profiter au mieux du repos réparateur nocturne. En prenant une faible dose de mélatonine le soir nous pourrions stabiliser nos rythmes circadiens, contribuant à compenser le vieillissement de notre horloge interne.
Action sur la dépression :
L’efficacité de la mélatonine sur la dépression a été très largement démontrée.
En augmentant le taux de mélatonine, on agit sur le taux de sérotonine (neuromédiateur impliqué directement dans la dépression) en réduisant simplement sa transformation en mélatonine.
C’est pourquoi la mélatonine est largement recommandée par de nombreux médecins pour le traitement des dépressions dites »saisonnières » qui surviennent lorsque la luminosité diminue en durée et en intensité.
Action sur la mémoire :
En 1993, des gérontologues italiens ont découvert un lien notable entre la sécrétion de mélatonine et l’acuité mentale. Plus les performances aux tests des patients étudiés étaient bonnes, plus leur taux de mélatonines était élevé.
Un groupe de chercheurs japonais obtenais des résultats similaires un an après. Les personnes âgées en bonne santé sécrétaient plus de deux fois plus de mélatonine que les individus du même âge atteints de la maladie d’Alzheimer.
Étant donné que la mélatonine est le plus puissant antioxydant et l’un des rares dans l’organisme à pouvoir franchir la barrière entre le sang et les cellules cérébrales destinées à protéger le cerveau, une personne présentant une déficience de cette hormone risque de souffrir de plus importantes lésions cérébrales dues aux radicaux libres.
Action sur la maturité sexuelle :
Les études les plus récentes laissent penser que le taux de mélatonine et la maturité sexuelle sont étroitement liés. Ainsi, les enfants qui tardent à devenir pubères présentent des taux plus élevés de mélatonine dans le sang.
Action sur la production d’hormone de croissance :
D’après la majorité des expériences, la mélatonine exerce une action stimulante sur la production d’hormone de croissance.
Action de protection et de renforcement du système immunitaire :
De toutes les hormones, la mélatonine détient le plus fort potentiel anti vieillissement.
Son pouvoir réside dans sa capacité à protéger et à renforcer le système immunitaire, notamment au sein des organismes vieillissant.
Ainsi, vers deux ou trois heures du matin, au moment où nous produisons le plus fort taux de mélatonine, le nombre de cellules immunitaires s’accroît de manière considérable dans le sang, renforçant les défenses contre le cancer, les virus et les bactéries.
La mélatonine contribue également à fortifier le système immunitaire dans les moments difficiles telles que les infections virales, le stress émotionnel, les traitements à base de médicaments immunodépresseurs ou le simple vieillissement.
Action antioxydante :
La mélatonine est probablement l’élément le plus actif et le plus polyvalent des antioxydants du corps humain. Les antioxydants diminuent notamment les risques de maladies cardio-vasculaires et certains cancers et réduisent la fréquence des cataractes.
Ils favorisent la prévention en détruisant les radicaux libres dont on connaît la toxicité pour l’organisme.
Action sur le cancer
La mélatonine jouerait un rôle capital dans les mécanismes de défense contre le cancer. Il semblerait qu’elle agisse encore plus efficacement lorsqu’on l’utilise en association avec d’autres traitements anticancéreux, dont la chimiothérapie, la chirurgie, l’immunothérapie et la radiothérapie.
Action directe sur la longévité
L’ensemble des actions de la mélatonine citées précédemment interviennent directement sur le maintien de notre santé et contribuent à une plus grande longévité
Autres actions
La mélatonine réduit également le taux de cholestérol et la tension artérielle, ainsi que les troubles du rythme cardiaque. Il existe un grand nombre d’études récentes qui ont montré l’intérêt de la mélatonine dans le traitement de l’hypertension artérielle chez l’homme.
La longévité féminine expliquée par la mélatonine ?
Au moins quatre études ont montré que les femmes sécrètent plus de mélatonine que les hommes. Il serait donc possible de conclure que la longévité féminine est notamment liée à une concentration supérieure de mélatonine.
Conclusion :
La mélatonine a donc bien plus d’intérêt pour notre santé que la simple correction du décalage horaire ou des troubles du sommeil. Elle présente également moins de dangers que nombre de médicaments ayant reçu une autorisation sur le marché. Néanmoins, la correction des déficits en mélatonine doit être effectuée sur les conseils avisés d’un spécialiste de la longévité.
Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.
Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et
de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.
De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.
Son dernier ouvrage grand public »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.