Auteur : Docteur Christophe de Jaeger
Si certaines attitudes sont favorables à l’entretien du capital santé, d’autres le grignotent inexorablement. Pour s’en protéger efficacement, il faut d’abord les connaître.
Au cours des jours et semaines qui viennent, nous essayerons de vous informer au mieux sur ces différents accélérateurs du vieillissement.
Aujourd’hui, nous poursuivons sur le tabac ! (partie 1 sur ce lien)
Tabac et pratique sportive
Tous ces effets nocifs du tabac ont une incidence directe sur la longévité qu’amplifie la pratique sportive. Les effets du tabac sont majorés au cours de l’effort. La nicotine accélère le rythme cardiaque et entraîne des poussées d’hypertension artérielle et une vasoconstriction artériolaire qui s’oppose à l’effort physique intense. L’oxyde de carbone entraîne une mauvaise oxygénation du sang qui ne favorise pas l’effort. En montagne, le tabac aggrave la baisse de l’oxygénation provoquée par l’altitude, et accroît la sensibilité au froid par vasoconstriction. Enfin, il faut insister sur les dangers de la cigarette après l’effort, qui augmente le risque d’accidents coronariens (infarctus du myocarde).
La pratique régulière d’une activité physique, largement préconisée dans le cadre de la médecine de la longévité, est donc tout à fait incompatible avec les effets délétères du tabac, qui augmentent lorsqu’on fait de l’exercice.
Le tabac : un ennemi de la beauté
Le tabac est un toxique pour la peau et accélère sensiblement son vieillissement. Chez les fumeurs, la peau s’abîme prématurément, elle est plus facilement ridée, défraîchie, desséchée. Les doigts et les ongles prennent une coloration jaunie, les cheveux sont plus fragiles et cassants, les yeux sont rouges et larmoyants, les paupières gonflées, les dents sont jaunies, l’haleine est chargée, la voix est souvent éraillée et plus grave. Un tableau qui devrait suffire à dissuader certains fumeurs.
Un sevrage parfois difficile
L’arrêt du tabac est certainement la première mesure à prendre pour commencer à agir positivement sur sa santé et sa longévité. Mais cette vision est malheureusement simpliste. On ne devient pas fumeur par hasard. Le profil psychologique, l’environnement, le stress sont des éléments favorisant la consommation de tabac. Ordonner à un fumeur de s’arrêter ne fait qu’introduire dans sa vie un stress supplémentaire. C’est probablement pour cette raison que les tentatives de sevrage se soldent si souvent par des échecs, malgré l’utilisation d’adjuvants nicotiniques (patchs, gommes à mâcher…) qui semblent pour beaucoup une panacée, alors qu’ils ne font qui substituer à une dépendance une autre dépendance. Il ne faut pas sous-estimer l’aspect comportemental du tabagisme. Il est illusoire de vouloir sevrer une personne stressée qui trouve dans la cigarette sa bouée de sauvetage. La plupart des fumeurs ne recherchent pas vraiment du plaisir dans le tabac, mais plutôt une forme de soutien. Chercher une solution dans les substituts pharmacologiques reste trop superficiel. Les rechutes sont fréquentes, à court ou moyen terme, dans la mesure où les vrais problèmes n’ont pas été résolus. Le stress, quelles qu’en soient la forme et l’origine, doit être abordé comme un problème à part entière. On doit également rechercher l’existence de troubles fonctionnels hormonaux dont la correction peut faire disparaître le besoin de tabac.
Quelques conseils pour arrêter de fumer
Avant d’arrêter de fumer, il faut essayer de diagnostiquer les vraies raisons de cette intoxication, afin d’essayer de la pallier. Dans tous les cas, la décision d’arrêter de fumer doit être libre et personnelle. Les raisons invoquées pour arrêter doivent être conscientes, précises et fermes, aussi bien que les motivations négatives (éviter les dangers du tabac) que les motivations positives (retrouver une liberté mise à mal par la dépendance ; redécouvrir la richesse d’une vie débarrassée de la fumée). Enfin, le moment doit être choisi. Au jour J, l’arrêt doit être total. Les sevrages progressifs sont une illusion, sauf s’ils sont parfaitement contrôlés. Pendant les premières semaines, il faut donc que le fumeur puisse se mettre à l’abri des situations de pièges et des tentations : les fins de repas, les moments de convivialité, les accès de tension nerveuse extrême…
Pour s’aider, les fumeurs peuvent chercher des substituts au tabac qui soient favorables à la fois à leur santé et à leur épanouissement personnel. L’arrêt du tabac devient ainsi l’occasion d’un changement de mode de vie. C’est le moment idéal pour adopter des règles de vie saines :
- Apprendre à se détendre (éventuellement en pratiquant une forme de relaxation et adopter des gestes qui favorisent un sommeil de bonne qualité.
- Apprendre à mieux respirer. La pratique de la respiration profonde et consciente permet non seulement de régénérer l’organisme et de le débarrasser des substances toxiques liées au tabac, mais aussi de tenir l’envie de fumer à distance lorsqu’elle se fait sentir.
- Pratiquer une activité physique régulière (marche, activités de plein air…), en préférant les sports d’endurances aux sports de force.
- Adopter une alimentation de qualité, fraîche, saine et variée, réduire la consommation de sucre et privilégier les aliments riches en vitamines et en minéraux (agrumes, fruits frais, légumes frais…). Il faut surtout veiller à éviter les excitants : café et alcool. L’alcool est le complice du tabac : 80% des buveurs sont aussi des fumeurs.
- Enfin, boire suffisamment d’eau (2 à 3 litres par jour), car la nicotine est partiellement soluble dans l’eau.
Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.
Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et
de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.
De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.
Son dernier ouvrage grand public »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.