Les hommes vieillissent plus vite que les femmes 1

Les hommes vieillissent plus rapidement que les femmes et en voici la cause !

Louise Ballongue Rédactrice web

A 50 ans, les hommes sont biologiquement plus âgés que les femmes de plus de 4 ans. Comment expliquer ces écarts d’âge biologique ? Les réponses de notre expert, le Docteur Christophe de Jaeger, médecin physiologiste et spécialiste de la sénescence.

Sommaire

  1. Des facteurs de vie déterminants
  2. Le genre est associé au vieillissement biologique
  3. L’œstrogène aurait des effets bénéfiques

Les femmes vivent plus longtemps que les hommes et les chiffres le prouvent. Mais quels mécanismes se cachent derrière cet écart genré ? D’après une nouvelle étude, c’est l’œstrogène, l’hormone féminine par excellence, qui ralentirait le déclin biologique des femmes.

Des facteurs de vie déterminants

Pour arriver à cette observation, les chercheurs ont analysé 2240 jumeaux jeunes (21‒42 ans) ou âgés (50‒76 ans) mais aussi 151 paires complètes de jumeaux de sexe opposé (21‒30 ans). 

Ils ont ensuite utilisé un processus biologique dans lequel des groupes méthyle (toute partie d’une molécule constituée de deux atomes d’hydrogène liée à un atome de carbone) sont ajoutés à la molécule d’ADN pour calculer « l’accélération de l’âge épigénétique ».

Quatre horloges épigénétiques ont également été exploitées dans le but d’obtenir la prédiction de l’âge biologique la plus précise possible.

Différents facteurs de vie déterminants ont par ailleurs été pris en compte, comme les années d’études, l’indice de masse corporelle, le tabagisme, la consommation d’alcool et l’activité physique.

« Le fait qu’il y existe des différences chez des personnes qui ont de paramètres génétiques identiques, nous amènent à considérer les facteurs de risques connus comme déterminants. Il semble que le tabac et les principaux autres facteurs peuvent expliquer les différences en terme de vieillissement », précise le Docteur de Jaeger.

Le genre est associé au vieillissement biologique

D’après l’étude, les hommes étaient biologiquement plus âgés que les femmes et, en général, ils adoptaient des habitudes de vie moins saines. L’écart d’âge s’agrandissait d’ailleurs à mesure que les participants vieillissaient, passant de 1,2 an à 4,3 ans.

« L’effet du sexe sur le vieillissement biologique était en partie médié par l’indice de masse corporelle et, chez les jumeaux plus âgés, par le tabagisme. Le sexe était directement associé au vieillissement biologique et l’association était plus forte chez les jumeaux plus âgés », expliquent les chercheurs.

Chez certaines paires de jumeaux, ayant grandi dans le même environnement, le frère présentait également environ un an de plus.

L’œstrogène aurait des effets bénéfiques

Un phénomène qui pourrait s’expliquer, d’après les chercheurs, par une combinaison complexe de facteurs génétiques et hormonaux.

« L’avantage de la longévité biologique des femmes peut résulter d’une plus grande résistance aux dommages oxydatifs associée aux œstrogènes », expliquent-ils.

L’hormone féminine aurait ainsi des effets bénéfiques sur la santé et le vieillissement biologique.

« Les œstrogènes retardent l’apparition de certaines maladies. Elles vont ainsi avoir un impact positif sur les maladies cardiovasculaires, l’ostéoporose, la fréquence des cancers du colon… », conclut le Docteur de Jaeger.

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.

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