19 01 2023 - Alzheimer 1

Maladie d’Alzheimer : le lecanemab approuvé aux Etats-Unis

Sihem Boultif Journaliste santé

en collaboration avec Docteur Christophe de Jaeger (Longévité et gériatrie)

Un nouveau traitement contre la maladie d’Alzheimer vient d’être approuvé par la FDA. Il s’agit du lecanemab, destiné à des patients présentant des troubles cognitifs légers. Le point de vue du Docteur Christophe de Jaeger, médecin physiologiste et membre du comité d’experts de Doctissimo.

Sommaire

  1. Le lecanemab, un anticorps monoclonal
  2. Un traitement avec certains effets secondaires graves

Prochainement commercialisé sous le nom de Leqembi, le lecanemab vient d’être approuvé le 6 janvier dernier par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, chargée de l’autorisation de mise sur le marché américain de nouveaux médicaments. « Leqembi est le deuxième d’une nouvelle catégorie de médicaments approuvés pour la maladie d’Alzheimer qui ciblent la physiopathologie fondamentale de la maladie. Ces médicaments représentent une avancée importante dans la lutte en cours pour traiter efficacement la maladie d’Alzheimer » écrit la FDA dans son communiqué.

Cette molécule, destinée à lutter contre la maladie d’Alzheimer, pourra être prescrite à des patients atteints de troubles cognitifs légers, par voie intraveineuse et administrée toutes les deux semaines.

Le lecanemab, un anticorps monoclonal

Le lecanemab appartient à la famille des anticorps monoclonaux et il est actuellement fabriqué par deux laboratoires pharmaceutiques : Eisai à Tokyo au Japon et Biogen à Cambridge, aux Etats-Unis. Si la FDA vient donc d’approuver sa commercialisation pour les Etats-Unis, à un prix variant entre 8500 et 20 600 dollars par an, le médicament n’est pas disponible en Europe.

Néanmoins, les deux laboratoires comptent y proposer leur molécule, et ont déposé un dossier de mise sur le marché européen. Pour l’heure, on ne sait pas quand interviendra la décision l’agence européenne du médicament.

Un traitement avec certains effets secondaires graves

D’après une étude parue dans la revue New England Journal of Medicine en novembre 2022 – qui avait pour but d’évaluer la molécule – le lecanemab avait permis de ralentir le déclin cognitif de 27 % chez des patients touchés par la maladie de manière précoce.

Mais le médicament présente aussi des effets indésirables graves, comme des saignements cérébraux, appelés « anomalies d’imagerie liées à l’amyloïde ou ARIA », en réaction aux perfusions intraveineuses. Un décès, possiblement imputable à la molécule, est même survenu pendant l’essai thérapeutique.

« Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade précoce, le lecanemab a réduit les niveaux d’amyloïde dans le cerveau et a été associé à une diminution moindre des mesures cliniques de la cognition et de la fonction que le placebo à 18 mois, mais a été associé à des événements indésirables » reconnaissent les auteurs de l’étude. Des effets qui nécessiteront une surveillance rapprochée, par IRM cérébrales régulières, des patients qui en bénéficieront.

L’avis du Docteur Christophe de Jaeger, médecin physiologiste et membre du comité d’experts de Doctissimo

« Il faut se réjouir de l’arrivée d’une nouvelle molécule sur le marché, mais ce n’est pas non plus un traitement miraculeux » indique tout d’abord le médecin. « Comme l’on montré les différentes études, le traitement ne fonctionne pas à 100 % mais ralentit certaines évolutions de la maladie chez certains patients« . Pour le Dr de Jaeger, il est important de mettre l’accent sur le dépistage précoce de la maladie. « Encore aujourd’hui, certains patients arrivent après avoir laissé la maladie évoluer pendant plusieurs années. Alors qu’il est primordial de bénéficier d’un dépistage précoce, dans ce type de pathologies. Donc si vous avez des troubles de la mémoire réguliers, qui ne s’expliquent pas par une raison particulière, qui arrivent de plus en plus souvent et que votre entourage le remarque, il faut consulter un médecin spécialiste de la mémoire » conclut le médecin.

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.

Article à lire sur le site Doctissimo