woman in face mask checking thermometer

Si vous pensez que la température du corps humain est de 37,2 degrés, vous vous trompez

La température moyenne du corps humain ne s’élèverait pas à 37 °C. Selon les chercheurs, la température moyenne de notre corps est plus faible, à environ 36,5 °C.

Atlantico en collaboration avec le Docteur Christophe de Jaeger

Prise de température du corps humain

Atlantico : La température moyenne du     corps humain ne serait pas équivalente à 37,2 degrés. Pourquoi remettons nous la en cause aujourd’hui ?

Christophe de Jaeger :  La température moyenne du corps humain est très importante sur le plan médical, car elle va permettre de définir la limite au delà de laquelle nous sommes face à des maladies, plus particulièrement infectieuse. Une élévation de la température peut être le seul signe d’une infection parfois grave à une bactérie ou un virus. C’est un élément clinique d’importance majeure qui appartient à notre panoplie de cliniciens depuis la nuit des temps. La première chose qu’on va mesurer le plus souvent lors d’un examen clinique est la

température du corps, dont la moyenne établie il y a plus de 150 ans est remise en cause aujourd’hui.

À l’époque, un médecin allemand, le docteur Carl Wunderlich, a mesuré plusieurs fois la température chez 25 000 personnes, soit un million de mesures. En faisant la moyenne de toutes ces mesures, il a trouvé la valeur de 37,2 degrés Celsisus.

Mais un certain nombre de praticiens estiment aujourd’hui que la température de référence de notre organisme ne doit plus être 37.2 ° C, mais moins. Cela signifie que même une température de 37,2 peut être un signe de fièvre traduisant une réaction du corps à une infection à bas bruit. Par ailleurs, les moyens de mesurer la température ont changé, permettant d’être plus précis dans le calcul de la température de référence de notre organisme.

Que signifierait concrètement si la température moyenne était plus basse ?

Une température moyenne plus basse ferait apparaître autant de pathologies potentielles chez des gens qui ont une température qui est plus élevée qu’elle ne devrait être en réalité.

La température diffère en fonction d’où l’on prend la température…

En France, on s’appuie davantage sur la température rectale, qui est plus élevée que la température prise dans la bouche ou encore sur le front.

« Un meilleur traitement des infections, de meilleurs soins dentaires et le développement et l’utilisation de médicaments tels que les statines et les anti- inflammatoires non stéroïdiens peuvent avoir contribué à une diminution de l’inflammation depuis le 19e siècle, ce qui a fait baisser la température moyenne des personnes », a déclaré le Dr Parsonnet. Que peut-on en dire ?

Il y a 150 ans, il y avait beaucoup d’infections (dentaires, sinusiennes, urinaires, cutanées, etc), qui créaient des inflammations parfois latentes et qui conduisaient à une réaction de défense de l’organisme, en augmentant la température du corps. Mais c’est un argument à postériori, car personne ne peut évaluer la situation de l’époque. Tout au plus, peut on dire qu’elle n’était pas fameuse au plan infectieux.

Doit-on plutôt parler de fourchette de température ?

L’âge et le sexe sont déterminants pour fixer cette fourchette, mais il y a aussi la musculature. Les muscles sont des centrales thermiques et plus on a de muscles, plus on fabrique de la chaleur. Quelqu’un qui a une faible quantité de muscles aura tendance à avoir une température plus basse. Il faut donc prendre en compte plusieurs facteurs pour connaître la température idéale de l’individu.

La température à prendre est toujours mesurée le matin, avant même qu’on se lève, car dès que vous vous réveillez, vous mettez en marche les centrales thermiques que sont les muscles.

Enfin, plus que parler de fourchette, il faudrait que chaque personne connaisse sa température « de santé », qui peut varier entre individus, afin de savoir s’il commence ou non un syndrome infectieux.

Article à retrouver sur Atlantico

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.