Taille des femmes

Taille moyenne des femmes en France : quelles évolutions ?

Par Sandrine Coucke-Haddad

en collaboration avec Docteur Christophe de Jaeger (Longévité et gériatrie)

On est loin des mensurations des mannequins ! Pourtant les Françaises grapillent quelques centimètres régulièrement. Explications de cette évolution de taille.

Sommaire
 
·         Etat des lieux de la taille moyenne des femmes en France
·         A partir de quand une femme est considérée comme grande ?
·         Et chez les hommes ?
·         Quels rôles jouent la génétique et l’environnement dans la taille ?
·         La puberté précoce des filles : une incidence sur la taille ?

 
Etat des lieux de la taille moyenne des femmes en France
 
Les Françaises sont de plus en plus grandes. « C’est un phénomène régulier, que l’on observe depuis longtemps déjà », note le Docteur Christophe de Jaeger, physiologiste.
 
« On a pu constater des moments de stagnation de notre taille dans l’histoire de l’humanité, mais cela correspond généralement à des périodes de grands conflits ou de crises ». Sur une plus longue échelle, force est de constater que l’humain en général, et les femmes en particulier, ont régulièrement grandi tout au long de notre histoire.
 
Avec des disparités toutefois entre les parties du globe, et surtout entre les pays du Nord et du Sud. Les Danoises ou les Estoniennes sont en moyenne plus grandes que les Françaises de cinq centimètres ; les Françaises mesurent aujourd’hui en moyenne 164 cm quand les Danoises ou les Estoniennes affichent une hauteur de 169 cm. La femme française reste donc légèrement plus petite que la femme originaire des pays du Nord.
 
Concernant le poids moyen chez la femme, il a lui aussi augmenté, passant à 67,3 kg en 2020, contre 66,5 kg en 2012. L’IMC moyen est donc désormais de 25,1.
 
Et partout, les femmes restent plus petites que les hommes, de dix à quinze centimètres en moyenne, notamment parce que la croissance des garçons est plus longue que celle des filles. Un dimorphisme que la science peine toujours à expliquer. Au total, les Françaises auraient grandi de treize centimètres en cent ans. Peut-on donc imaginer que nous allons continuer de grandir indéfiniment ?
 
« Non, promet le Docteur Christophe de Jaeger, car, sauf anomalie de la croissance (on parle d’acromégalie, un trouble dû à un excès de production d’hormones de croissance, ndlr), notre corps possède une taille idéale de fonctionnement. Nos articulations par exemple, ne pourraient pas supporter une taille trop importante. On peut aussi imaginer que notre système endocrinien (la gestion du sucre notamment) ne serait plus opérationnel. « 
 
A partir de quand une femme est considérée comme grande ?
 
Si notre taille est de 1m65, il est sûr que l’on aura l’air très grande face à une personne faisant moins de 160 cm. Cependant, il y a une taille bien définie qui nous fait entrer dans la catégorie des « grandes ». Selon les différents critères reconnus par les associations au niveau international, une femme grande mesure au moins 180 cm. D’après des statistiques de 2007 de l’Institut français du textile-habillement, les femmes de plus de 175 cm représentent seulement 5,3 % de la population. 

Et chez les hommes ?
 
Du côté des hommes, l’évolution de la taille est bel est bien là également. Le résultat de l’étude Obepi-Roche de 2020 révèle que les hommes français ont désormais une taille moyenne de 176 cm contre 175 cm en 2012. Cette évolution de la taille de l’homme est également marquée s’agissant du tour de taille et du poids moyen de l’homme, qui ont aussi augmenté.
 
Quels rôles jouent la génétique et l’environnement dans la taille ?
 
La génétique a un impact décisif sur notre apparence. Notre taille est forcément déterminée par nos gènes, ce qui explique que nous serons plus ou moins grands si nous sommes issus d’une famille en dessous, dans ou au-dessus des mensurations moyennes.
 
La génétique explique également que les Scandinaves (et de manière générale les personnes des pays du Nord) sont globalement plus grandes que les femmes qui naissent sur le pourtour du bassin méditerranéen. Ces écarts géographiques liés à la génétique tendent toutefois à se réduire, grâce aux brassages de populations et à la mixité.
 
Notre physiologiste estime que d’ici trente à quarante générations, les différences de taille d’un pays à l’autre devraient être minimes. Le poids de l’environnement au contraire pourrait être de plus en plus important. On sait déjà avec certitude que l’augmentation de la taille est liée en grande partie à notre alimentation. Mieux nourris que leurs ancêtres, les enfants des pays développés bénéficient ainsi d’apports nutritionnels optimaux tout au long de leur croissance. Les carences en vitamines et minéraux rares sous nos latitudes (ce n’est pas le cas dans certaines régions d’Afrique en revanche) n’entravent plus le développement des adolescentes. Conséquence : les petites filles mieux alimentées pendant l’enfance deviennent des femmes plus grandes et ont une taille plus élevée.
 
La puberté précoce des filles : une incidence sur la taille ?
 
Si une meilleure alimentation a permis de gagner quelques centimètres au fil des années et une taille plus grande, notre environnement pourrait constituer (dans un avenir plus ou moins proche) un frein non négligeable à la croissance, en particulier pour les femmes. Les perturbateurs endocriniens, notamment les pesticides, les phtalates ou le bisphénol A, seraient en effet responsables de l’augmentation des cas de puberté précoce, ce qui a une incidence directe sur la taille à l’âge adulte.
 
D’après les chiffres diffusés par Santé Publique France en 2013, la puberté précoce concerne dix filles pour un garçon et se manifeste par des signes de puberté (pilosité, seins qui poussent, règles…) avant l’âge de huit ans. Le problème alors est que la croissance s’arrête bien plus tôt que chez les autres enfants, les cartilages se soudent et la taille définitive peut-être en deçà de celle qu’elle aurait été sans puberté précoce. Il est très important de consulter un médecin et d’installer un suivi dès les premiers signes, car outre une plus petite taille à l’âge adulte la puberté précoce peut occasionner d’autres problèmes de santé.
 
Sources
 
·         Entretien avec le Docteur Christophe de Jaeger, physiologiste, qui a accepté de répondre à nos questions.

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public est Bien vieillir sans médicaments aux Éditions du Cherche Midi.

Article publié sur le site Doctissimo