Par le Docteur Christophe de Jaeger
Relire notre série sur les différents types d’hormones (partie 1 – partie 2)
DHEA ou DHA est l’abréviation de « DeHydroEpiAndrostérone ». Il s’agit d’une hormone fabriquée, en grande quantité par les glandes surrénales de tout individu, homme ou femme, tout au long de sa vie. Cette hormone appartient à la familles des hormones stéroïdiennes, comme les hormones sexuelles (oestrogènes, progestérone, androgènes). Ce produit a plutôt les propriétés d’une hormone masculine (comme la testostérone), mais avec une action beaucoup plus faible. Il peut aussi être transformé en oestrogènes.
Son action énergétique :
La fatigue est la première cause de prescription de la DHEA aux Etats Unis. En cas de déficit identifié dans les dosages, les praticiens prescrivent de la DHEA. En quelques semaines, les patients sont ‘’transformés’’. Avec ce regain d’énergie, les patients signalent un bien-être psychique et physique. Leur sommeil est amélioré, et certaines personnes voient leurs douleurs rhumatismales diminuées, sans effet indésirables.
Son action sur la libido :
L’étude ‘’Massachussetts Male Aging Study’’, portant sur la sexualité des hommes entre 40 et 70 ans, a montré qu’il existait une corrélation entre le taux de DHEA et l’impuissance. On connaît l’action bénéfique de la DHEA sur la sexualité. En effet, celle-ci est transformée en testostérone, qui augmente la libido chez l’homme comme chez la femme. Mais la sexualité est une interaction subtile entre le physique et le psychique. La DHEA, favorisant le sentiment de bien-être, augmentant l’énergie, permettant de lutter contre la dépression, ne peut que jouer favorablement sur la libido.
Son action sur la mémoire :
La mémorisation est un phénomène complexe nécessitant concentration et intégrité des systèmes neuronaux. Elle implique la création de nouvelles synapses (les structures existantes entre deux neurones et permettant le passage de l’information entre eux) dans le cerveau. Le Dr Eugene Robert (Californie, Etats-Unis) a montré que la DHEA favorisait la croissance et les interconnexions entre des neurones mis en culture cellulaire.
La DHEA injectée à des souris âgées permet d’augmenter significativement leurs capacités en termes de mémoire(devenant identiques aux performances des souris jeunes qui constituaient la population témoin). De nombreuses expériences (National Institute on Aging) ont actuellement lieu aux Etats-Unis afin de connaître l’impact de la DHEA sur la perte de mémoire dans la maladie d’Alzheimer.
Son action sur les cancers :
En 1974, le Dr Schwartz a étudié les propriétés de la DHEA sur le cancer. D’après lui, la DHEA protégerait l’organisme de nombreuses substances cancérigènes et pourrait contribuer à empêcher le développement initial de tumeurs. Les mécanismes d’apparition et de progression des cancers sont complexes. Le mode d’action de la DHEA sur ceux-ci n’est pas encore bien élucidé. Certains scientifiques pensent qu’elle agirait en bloquant les enzymes nécessaires au développement des cancers.
La DHEA ne peut, en aucun cas, prétendre guérir les cancers.
Les contres indications formelles
La DHEA est formellement contre-indiquée en cas de cancers hormonaux dépendants en cours d’évolution. Leur développement peut être accéléré si la DHEA se transforme en hormones terminales (œstrogènes ou testostérone). Cela signifie qu’un cancer de la prostate se développera plus vite si vous avez des taux de testostérone augmentés. Il en est de même pour les cancers du sein si vous avez des taux d’hormones féminines augmentés. Mais la transformation de la DHEA en testostérone et en œstrogènes n’est pas automatique ; son importance dépend de votre âge et la capacité de votre système enzymatique à transformer votre DHEA en hormones.
Son action sur les maladies cardio-vasculaires :
D’après l’American Heart Association, la disparition des maladies cardio-vasculaires entrainerait une augmentation de notre espérance de vie d’environ dix ans. Cette information montre tout l’intérêt que nous avons à appliquer des mesures préventives.
L’athérosclérose est caractérisée par des dépôts progressifs dans les artères dès l’âge de 20-25 ans ; Plusieurs études ont montré que les taux de DHEA étaient plutôt faibles chez les personnes atteintes de maladies cardio-vasculaires. Or la DHEA favorise la diminution du taux de LDL-cholestérol, qui est particulièrement impliqué dans le développement des maladies artérielles.
L’une des autres explications possibles est l’insulinorésistance. Dans le diabète de type II (diabète gras ou de la maturité), le taux de sucre est augmenté, car la pénétration du glucose dans les cellules est diminuée. Cette pénétration est sous la dépendance de l’insuline. En vieillissant, notre taux d’insuline augmente, et celui de DHEA diminue. La régulation du taux d’insuline permet une augmentation de la DHEA. Le Dr Coleman a montré que des souris génétiquement prédisposées au diabète et à l’obésité, mais traitées par la DHEA, ne développaient ni l’une ni l’autre de ces maladies. Cette expérience nous montre l’intérêt de la DHEA dans la prévention du diabète.
Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.
Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et
de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.
De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.
Son dernier ouvrage grand public »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.
