DHEA 2 19 06 2023 1

La DHEA – Partie 2

Par le Docteur Christophe de Jaeger

1ère partie sur la DHEA à lire ici

DHEA ou DHA est l’abréviation de « DeHydroEpiAndrostérone ». Il s’agit d’une hormone fabriquée, en grande quantité par les glandes surrénales de tout individu, homme ou femme, tout au long de sa vie. Cette hormone appartient à la familles des hormones stéroïdiennes, comme les hormones sexuelles (œstrogènes, progestérone, androgènes). Ce produit a plutôt les propriétés d’une hormone masculine (comme la testostérone), mais avec une action beaucoup plus faible. Il peut aussi être transformé en œstrogènes.

Son action sur l’agrégation plaquettaire :

Les plaquettes sont de petits éléments cellulaires qui ont un rôle clé dans la coagulation. Une trop forte réactivité des plaquettes peut conduire à des problèmes de coagulation (thrombose) dans l’organisme. Lorsque l’on met du sang dans un tube à essai, on assiste à une agrégation des plaquettes, qui diminue si l’on ajoute de la DHEA. On peut donc penser que la DHEA a un rôle antiagrégant plaquettaire et donc participe à la lutte contre les thromboses artérielles, responsables d’accidents vasculaires cérébraux ou d’infarctus.

Son action sur le cholestérol :

Le cholestérol est une molécule indispensable à la vie. Elle est à l’origine de nombreuses substances cellulaires, et en particulier des hormones comme les œstrogènes ou la testostérone. Mais un excès de cholestérol peut aussi jouer un rôle dans la synthèse des plaques d’athérome menant à l’athérosclérose. On distingue le ‘’bon’’ cholestérol (HDL pour Hight Density Lipoprotein) du ‘’mauvais’’ (LDL pour Light Density Lipoprotein).

Le HDL-cholestérol transporte le cholestérol du sang et des vaisseaux vers le foie, dans lequel il est métabolisé. A l’inverse, le LDL-cholestérol favorise la création et le développement de la plaque athéromateuse en transportant le cholestérol dans les vaisseaux. La DHEA réduit le taux de cholestérol total, probablement en augmentant la capacité du foie à métaboliser les graisses, mais elle a également une action sur l’équilibre entre bon et mauvais cholestérols en augmentant le bon et en diminuant le mauvais.

Après la ménopause, le cholestérol des femmes à tendance à augmenter et rapidement. Elles présentent alors des risques de maladies cardio-vasculaires proches de ceux des hommes. La prise de DHEA a montré une chute d’environ 10% du cholestérol après trois mois de traitement. A chaque diminution de 1% du cholestérol correspond une baisse de 2% du risque de développer une maladie cardio-vasculaire.

Son action sur la surcharge pondérale et l’obésité :

En vieillissant, notre métabolisme ralentit, alors que nos apports alimentaires restent constants, voire augmentent avec une modification de leur qualité (moins de protéines, plus de sucres). Par la suite, lorsque l’on avance encore en âge, cette situation se dégrade car l’on réduit ses apports en pensant que l’on en a moins besoin. A ka déficience nutritionnelle, en particulier en protéines, vitamines, etc ., s’ajoute la surcharge en sucres. Les calories s’accumulent alors sous forme de graisses. Différentes expérimentations sur des souris ou des chiens montrent que la DHEA favorise la perte de poids, même sans régime particulier.

Si l’on associe à la DHEA un régime faible en calories, cela permet, chez des chiens obèses, de doubler le pourcentage de poids perdu par mois (10% contre 5%). Les quelques 10% d’animaux qui ne répondent pas à la DHEA sont considérés comme des ‘’malades obèses’’. La DHEA rendrait l’organisme moins efficace pour la conservation énergétique et favoriserait ainsi une certaine déperdition des calories, obligeant l’organisme à aller puiser dans les graisses. Selon une autre hypothèse, la DHEA inhiberait la formation des acides gras, qui favorisent le stockage des calories dans l’organisme. Enfin, la DHEA réduirait l’appétit.

DHEA et ménopause :

Plusieurs études ont été réalisées aux Etats-Unis afin de déterminer si la DHEA pouvait se substituer à l’hormonothérapie substitutive classique de la ménopause. Le Docteur Pierre Diamond, au Canada, a prescrit à des femmes ménopausées un traitement à base de DHEA sous forme de crème à appliquer quotidiennement. Il a pu observer une réduction des taux plasmatiques de glucose et d’insuline, une modification de l’index de masse corporelle au profit de la masse maigre musculaire, une augmentation de la densité osseuse, une diminution modérée du cholestérol et une amélioration de la sécheresse vaginale. L’augmentation de la densité osseuse peut être expliquée par l’action inhibitrice de la DHEA sur l’activité des cellules qui détruisent l’os. Mais dans tous les cas, malgré les effets intéressants de la DHEA, elle ne peut être employée seules et rivaliser avec un traitement hormonal substitutif de la ménopause bien conduit.

Son action sur les maladies auto-immunes :

Les maladies auto-immunes sont liées à un hyperfonctionnement du système immunitaire. Celui-ci va au-delà de son but initial, qui est la défense de l’organisme contre des agressions extérieures. Dans les maladies auto-immunes, le système immunitaire ne reconnait plus certaines cellules de son propre organisme comme étant les siennes. Il les considère comme étrangères et les attaque. La DHEA est impliquée dans la réponse immunitaire et peut renforcer ces cellules afin de lutter contre certaines infections.

Nous devrions donc tous contrôler notre taux de DHEA avant toute prise de cette hormone, dans le but de déterminer les besoins de notre organisme en DHEA et de ne pas nous exposer aux risques d’un surdosage hormonal, qui est toujours dangereux.

Les autres actions de la DHEA :

L’aptitude de votre organisme à transformer la DHEA en d’autres substances actives dépend de votre âge, de votre sexe et de l’état fonctionnel vos différents systèmes physiologiques.

Par exemple, en vieillissant, notre peau s’assèche et change d’aspect. Cela est plus particulièrement vrai pour les femmes ménopausées. La sécheresse cutanée est le résultat d’une diminution de la production locale de sébum. La substitution en DHEA restaure l’activité des glandes sébacées et atténue les effets du vieillissement sur la peau. La sécheresse oculaire est aussi une affection qui devient de plus en plus fréquente avec l’âge (plus particulièrement chez les femmes). Le port des lentilles de contact devient alors impossible. Le Dr Zeligs a montré que l’utilisation d’un collyre à base de DHEA pouvait nettement améliorer ce trouble.

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.